Lopetegui, né sélectionneur
Qui est le nouvel homme fort de la Roja ? Portrait.
- Publié le 01-09-2016 à 15h50
Qui est le nouvel homme fort de la Roja ? Portrait. Le retrouver ce jeudi soir sur le banc espagnol a, à première vue, quelque chose de surprenant. Mais, en s’y penchant de plus près, la nomination de Julen Lopetegui à la tête de la Roja découle presque d’une certaine forme de logique.
Le nom du Basque (50 ans) avait été cité parmi les successeurs potentiels de Vicente Del Bosque après l’Euro. Mais il apparaissait derrière ceux de Michel Gonzalez, de José Antonio Camacho et, surtout, de Joaquin Caparros, grand favori qui avait par exemple les faveurs de Sergio Ramos. Sauf qu’Angel Villar, le président de la Fédération en poste depuis presque 30 ans, est plutôt du genre à faire comme bon lui semble, ignorant la force des lobbies et la puissance médiatique de Caparros pour imposer Lopetegui.
À cet instant précis, fin juillet, le technicien était à deux doigts de s’engager avec Wolverhampton où il devait arriver dans les bagages des repreneurs chinois du club.
"J’attendais l’accord. Le projet Wolverhampton était incroyablement attirant. Et, c’est certain, si l’opportunité de devenir sélectionneur ne s’était pas présentée, je sais que je serai à Wolverhampton", a confirmé le Basque sur Skysports. "Quand on vous appelle pour vous demander si vous êtes prêt à prendre les rênes de la sélection, c’est parce qu’on croit que vous êtes l’homme fait pour ce boulot. Au final, même si vous savez que c’est une énorme responsabilité, la joie et l’honneur que cela représente passent au-dessus."
Autant de sentiments que Lopetegui a exprimés au moment de sa prise de fonction qui a rimé avec retour à la maison.
Si le monde des techniciens devait se diviser en deux hémisphères avec d’un côté les entraîneurs de clubs et de l’autre ceux des sélections, le Basque élirait très clairement domicile dans le second, faute d’avoir trouvé sa place dans le premier.
En 2003, son passage sur le banc du Rayo Vallecano, fraîchement relégué en D2, est aussi météorique que son bilan famélique avec deux victoires, deux nuls et surtout six défaites. La trace qu’il a laissée à la tête du Real Madrid B en 2008-09 est tout aussi minime avec une anonyme sixième place en D3. Et son vécu d’entraîneur dans l’élite se résume aux 18 mois qu’il a passés à Porto de mai 2014 à janvier 2016…
Débarqué dans un climat de défiance générale, critiqué avant même ses premiers choix par les éditorialistes de tout le pays, Lopetegui bouleverse l’effectif qu’il hispanise et rajeunit (24 ans de moyenne d’âge).
À son débit , aucun trophée remporté sur la scène domestique. À son crédit, un quart de finale de Ligue des Champions dès sa première saison. Sur son site internet tout beau tout neuf inauguré au printemps, le technicien met d’ailleurs en avant ses statistiques en C1 où il est le troisième meilleur technicien au ratio de victoires avec 61 % de succès (11 en 18 matches) derrière Luis Enrique et Pep Guardiola. Là où son bilan en club intrigue, ses états de services en sélection laissent rêveur.
En quatre années partagées entre les moins de 19 ans (2010-13), moins de 20 (2010-13) et les Espoirs (2012-14), il ne perd que trois matches et remporte l’Euro chez les U19 puis chez les Espoirs.
L’ancien gardien (voir par ailleurs) présente aussi la particularité d’avoir été nourri aux deux mamelons des deux grandes révolutions du jeu en Espagne au carrefour des années 80 et 90, à savoir la Quinta Del Buitre au Real et la Dream Team de Johan Cruyff dont il revendique les influences, perpétue cette tradition de l’Espagne qui gagne avec les nouvelles générations.
Celles de Paco Alcacer, Juan Bernat et Gérard Deulofeu mais surtout celles de David De Gea, Koke, Isco, Dani Carvajal, Thiago Alcantara et Alvaro Morta, tous amenés à désormais devenir les cadres de la nouvelle Roja où il a d’ores et déjà prévenu au sujet de ses préceptes de jeu : "il n’y aura pas de révolution mais plutôt une évolution". Et elle porte son nom.
Harri-jasotze, Cruyff et larmes
1. Il s’imaginait pratiquer le Harri-jasotze
Basque pur jus, Julen Lopetegui aurait bien voulu écrire la suite de la saga familiale dans le Harri-jasotze, un sport de force spécifique au Pays basque qui consiste à lever des pierres pesant jusqu’à 100 kilos. Mais son père, grand spécialiste de la discipline, a préféré qu’il se tourne vers le football.
2. Il a joué au Real et au Barça
Dans toute l’histoire de la rivalité entre le Real Madrid et le FC Barcelone, 33 joueurs seulement ont porté les couleurs des deux clubs. Lopetegui est l’un d’eux.
Formé à la Real Sociedad, il a intégré le Real en 1985 à 19 ans, y restant jusqu’en 1991 tout en ne disputant qu’un match avec l’équipe première. Après trois ans à Logrones, il a rejoint le FC Barcelone en 1994, y restant trois saisons avant de partir terminer sa carrière au Rayo Vallecano.
3. Il a été entraîné par Di Stefano et Cruyff
En passant la majeure partie de sa carrière au sein des deux plus grands clubs espagnols, Lopetegui a eu la chance d’être entraîné par Alfredo Di Stefano et surtout Johan Cruyff qui lui a donné l’envie d’être entraîneur, à l’instar de Laurent Blanc, de Pep Guardiola ou de Ronald Koeman, ses anciens partenaires.
4. Il a participé au Mondial 1994
Julen Lopetegui faisait partie de la sélection espagnole à la Coupe du Monde 94, mais lors de cette compétition, il n’a pas joué la moindre minute, tenant le rôle du troisième gardien derrière Andoni Zubizaretta et Santiago Canizares.
5. Il a quitté le Camp Nou en larmes
S’il a passé beaucoup de temps au Real et au Barça, Lopetegui n’y a que peu joué. En Catalogne, il a disputé neuf rencontres pour une seule victoire. Certaines défaites l’ont traumatisé comme celle en Supercoupe d’Espagne en 1994 où il avait été exclu pour sa première, précipitant la défaite des siens contre Saragosse et quittant le stade en larmes…
"La Belgique ? Une équipe magnifique"
Julen Lopetegui est un homme charmant. Alors que venait le tour de la presse belge de poser quelques questions, le nouveau sélectionneur a mis un point d’honneur à y répondre en français, une langue qu’il maîtrise assez pour dire tout le bien qu’il pense des Diables. "La Belgique ? Une équipe magnifique. Il y a beaucoup de bons joueurs qui évoluent en Premier League", a-t-il insisté avant de commencer son énumération : "Hazard, De Bruyne" avant de basculer sur les autres : "Witsel, Nainggolan, Carrasco. Vous avez beaucoup de bons joueurs. Mais nous aussi". À ses côtés, Sergio Ramos, "heureux d’être à Bruxelles, une ville de foot" n’a pas fait qu’acquiescer alors que Sergio Busquets a à peine fait entendre le son de sa voix…
Suivez Belgique-Espagne en direct commenté dès 20h45 !